La loi du 31/07/1920 interdisait toute contraception orale. Lorsque le 28/12/1967 la loi Neuwirth autorisa l’usage de contraceptifs et la contraception orale, un pas de géant a été fait.On prévenait les grossesses non désirées, l’enfantement vécu comme une fatalité, on évitait les IVG illégales et trop souvent réalisées dans des conditions hygiéniques et humaines déplorables.

Pour éviter en priorité les interruptions volontaires de grossesses non désirées, la pilule était acceptable. Elle permettait aussi aux couples une sexualité épanouie, et aux femmes d’avoir des enfants désirés aux moments les plus opportuns . Mais les moyens utilisés ne doivent pas mettre des utilisatrices de contraception orale en danger en leur faisant courir des risques inutiles! Sans quoi où serait le progrès? Paradoxalement, malgré la contraception orale, un grand nombre d’IVG sont sont toujours pratiquées ! Le principal ennemi de la femme étant l’oubli de sa pilule. D’autres moyens comme le stérilet (ou DIU) ou l’implant existent pourtant et ne présentent pas cet inconvénient. J’avoue, en tant que pharmacienne, avoir des scrupules à me placer derrière un comptoir, et à distribuer à des femmes de tous ages, de plus en plus jeunes, et à grande échelle,ces contraceptions orales un peu trop « facilement » prescrites.

Le Monde, les médias se font l’écho d’évènements gravissimes; Marion Larat, une jeune femme de 25 ans est désorrmais hémiplégique, aphasique, handicapée à 65% depuis un AVC après une contraception avec une pilule de troisième génération Méliane*. Bien trop jeune pour être exposée à ce type de souffrances là, n’est-ce pas? Elle a porté plainte contre le directeur général de Bayeur Santé « pour « atteinte involontaire à l’intégrité de la personne humaine ». Marion souffrait d’une anomalie sanguine ignorée ou négligée lors des prescriptions. Le corps médical n’aurait-il pas, en ce qui concerne ce type de prescriptions justement de sérieuses lacunes à combler sur cette contre-indication ? Bien malheureusement les évènements en témoignent. Rétrospectivement parlant je me félicite de m’être opposée fermement , cette même année, à la prescription de Jasmine à une jeune-fille de 16 ans, pilule de 4ième génération, en première intention et à l’insu de ses parents.A l’insu de ses parents , cela signifie pour un praticien « prendre le risque » d’être mal informé sur les antécédents familiaux, méconnus le plus souvent des adolescents…Sur son site, le Dr Martin Winckler mettait en garde les femmes déjà: « pilule Jasmine* à ne pas prescrire n’importe comment ».

En 2007, Théodora est décédée à 17 ans d’une embolie pulmonaire massive, qui l’a terrassée en 2 mois, sous Mercilon*, pilule de 3ième génération. Devra-t-on ajouter des noms à cette sinistre liste impunément ? Que dire encore de cette incapacité de certains praticiens de faire un lien entre une symptomatologie pulmonaire, un risque d’embolie , et la contraception qu’ils prescrivent ? Les accidents de ces jeune-filles, de Marion, de Théodora, gravissimes ou mortels auraient pu dangereusement se répéter pour Sophie, en 2012, victime d’une embolie pulmonaire bilatérale( voir Le Monde, article du 29/12/2012). Sans la perspicacité de sa mère, et le hasard lui faisant lire un article du Monde sur les dangers des pilules de3ième et 4ième génération, peut-être Sophie serait-elle une nouvelle victime à son tour, aujourd’hui…Et ce ne sont que des exemples parmi tant d’autres. Que dire encore de cette méconnaissance de grand nombre de praticiens face aux risques gravissimes présentés par ce maintenant tristement célèbre facteur II de Leiden?

Il y a une ceraine responsabilité des laboratoires mettant en avant leurs produits avec une politique de marketing le plus souvent discuttable. Contraception, poids et acnée sont des arguments sensés toucher efficacement grand nombre d’adolescentes. Que dire de la pilule contraceptive, qui évite la prise de poids, de celle de 4ième génération, comme Jasmine*, de la pilule qui supprime l’acnée, et qui oublie d’être contraceptive, comme Diane 35* ?

La banalisation de la prescription de la pilule , quelles que soient les générations, en fait inconsciemment sous-estimer les dangers. Et les femmes se trouvent confrontées àl’ignorance des médecins ( plus ou moins volontaire) de leurs antécédents, des risques encourus par leur patiente. Ou un aveuglement obstiné, orgueilleux, qui les pousse à persister dans leurs prescription, pour ne pas dire dans leur position, quelle que soit l’énumération des antécédents familiaux, même si sont cumulés à la fois diabète, pathologie cardiovasculaire et cancer ! S’entendre dire que « s’il survient un diabète,  celja se soigne  » (ce qui a été mon cas lorsque je m’interposais à certaines prescriptions ) est inacceptable !.Peu de généralistes il est vrai souhaitent se former à la pose d’un DIU ( ne serait-ce pas nécessaire d’en faire l’objet d’une formation commune, obligatoire, lors des études de médecine, des généralistes comme des spécialistes?) Il est vrai qu’il est tellement plus facile, plus rapide, plus confortable de prescrire une contraception orale….mais pour qui?

Pour en rester à des considérations purement économiques, un DIU au cuivre, en première intention, chez des jeune-filles n’ayant jamais eu d’enfants, ferait faire des économies à la SS: en évitant les IVG dues à un oubli, en évitant les effets indésirables d’une contraception hormonale, en évitant tout simplement le remboursement pendant des années et pour deux générations de femmes de ce mode de contraception là.

Le meilleur type de contraceptionest celle que la femme choisit en toute connaissance de cause. En toute connaissance de cause vraiment ? Les questions les plus fréquemment posées sont éloquentes :  « que faire en cas d’oubli, quelle génération de pilule, quel risque? « .Un travail d’information est, de toute évidence, plus que nécessaire; Chaque femme doit en être consciente, chaque femme doit en faire la demande auprès de son praticien, et de toutes les formes de contraception.

Pourquoi le stérilet est-il si souvent refusé en France, surtout à des nullipares et si classiquement posé en Angleterre, nos petites Françaises seraient-elles différentes?

Les femmes sous contraception orale, ou sous traitement substitutif de la ménopause peuvent en prévoir les effets indésirables par des bilans biologiques. Notamment les bilans d’imprégnation oestrogéniques, qui ne sont pas remboursés par la SS, mais qui sont d’un coût modique, et surtout d’un intérêt majeur. Or ceux-ci sont négligés ou méconnus de nombreux praticiens. Quand la médecine sera-t-elle enfin préventive??? Respecter une future vie à naître , éviter l’IVG est capital, mais respecter la vie, la santé, la jeunesse de chaque femme aussi !

Isabelle Argentier

article paru dans le numéro 32 de Santé Intégrative